Voilà cinq mois que sa moto est hors d'usage à cause d'un plein
d'essence contenant de l'eau. Sans nouvelle de l'enseigne qui lui a
vendu ce carburant, Julien Le Moine en a eu assez hier. Il s'est rendu
dans le magasin... avec sa moto en panne.11h45, hier. Sous le regard médusé des
clients, Julien Le Moine entre dans le magasin Carrefour de Langueux en
poussant sa moto. Il la positionne à la sortie des caisses, la pose sur
la béquille et patiente. Trois agents de sécurité l'observent et passent
plusieurs fois devant l'engin sans trouver à y redire. La scène durera
cinquante minutes! Pendant ce temps, le jeune mécanicien de 22 ans
raconte son histoire aux clients qui l'abordent. «J'ai fait le plein de
Sans-plomb95 à la station le 9octobre 2010. Cent mètres plus loin, le
moteur ne tournait plus comme il faut. Dans le réservoir, l'essence
était trouble: il y avait de l'eau dedans». Cinq mois plus tard, la
Yamaha FZ8 du Plédranais est toujours au garage. Le réservoir de la
800CC est rouillé, le système d'injection grippé. L'engin, acheté 8.000 €
en août, ne peut plus rouler. Il y a plusieurs milliers d'euros de
travaux.
«Ça suffit!»«Carrefour m'a démandé un devis en me disant
que s'il y avait plus de 1.000 € de frais, ils demanderaient une
expertise. Le devis est parti, mais je n'ai pas eu de nouvelles de
l'expert. Du coup, j'en ai sollicité un qui a réalisé une expertise et
convoqué Carrefour et son assurance. Ils ne sont pas venus...», souffle
Julien LeMoine. Depuis, l'assureur a fait une offre au motard s'élevant à
2.148 €. Une somme inférieure au coût des travaux car, selon l'expert
de l'assurance, qui n'a pas vu la moto, les dégâts ne peuvent pas être
que «le fait d'un remplissage». Il propose de régler 50% du remplacement
du réservoir. «Ma moto a 2.500km. J'ai fait trois fois le plein, trois
fois à Carrefour. Aujourd'hui, cela fait cinq mois que je ne peux pas
rouler avec, je paie 77 € d'assurance par mois et 5 € de gardiennage par
jour au garage. Cela fait 150jours, ça suffit!», s'agace Julien Le
Moine en montrant des photos de son réservoir.
Soutenu par les clients du magasin Dans la galerie marchande, les minutes passent et le motard ne voit toujours
aucun responsable approcher. Un ami lui apporte des pancartes où il est
écrit: «super sans plomb mouillé, moto bousillée» ou encore «Moto en
panne grâce à Carrefour, à quand votre tour?». Les clients s'intéressent
de plus en plus à lui et le soutiennent. Certains font des photos du
deux-roues. Face à cet attroupement, un agent de sécurité finit par
venir se renseigner. Après plusieurs minutes de négociations, la moto
est sortie du magasin. En l'absence de la direction, un responsable
vient à la rencontre de Julien Le Moine. Il lui promet que la personne
en charge du dossier, absente deux jours, le rappellera jeudi.
«D'accord, mais si jeudi, il n'y a pas de solution, ce sera le
tribunal», promet Julien Le Moine en quittant le magasin.
source :le télégramme