Si vous ne visualisez pas bien cet e-mail, cliquez ici.
MERCREDI : EPURATION ? (le 06/04/2011)
Ce mot, épuration, est souvent employé afin de dénoncer une politique hostile envers un groupe ethnique lorsqu’il est suivi du mot ethnique bien sûr. Il est aussi employé pour traiter les eaux usées. Il peut désormais être employé dans le cadre de la politique gouvernementale. Explication.
Les faits : le ministre de l'Écologie veut interdire dès 2012 l'accès aux véhicules polluants pour améliorer la qualité de l'air. Pour cela, les motos qui ne sont pas aux normes Euro2 ne pourront plus rentrer dans ces villes dès 2012. C'est-à-dire toute moto d'avant 2004.
Débat : l'objectif, améliorer la qualité de l'air, est indiscutable : on souffre de trop de pollution, et, contrairement à ce que l'on pense, non pas au cœur même des villes, mais à 10 kilomètres du centre. Pour des questions de dispersion des polluants, c'est en effet dans les toutes proches banlieues ou quartiers résidentiels que les polluants sont les plus concentrés. Par contre, là où le bât blesse, ce sont les moyens que l'on se donne. Le critère sur l'âge du capitaine est une hérésie pure et simple. Une 125 DTMX ou mieux, un 125 CG pollue moins qu'une Porsche ? Sans être aussi caricatural, un 125 urbain d'avant 2004, utilisé le plus souvent par des personnes peu fortunées, rejette bien moins de CO2 que la moindre berline de moyenne catégorie ou que l'hypersportive. Il s'agit non pas d'une sélection par le caractère plus ou moins polluant, mais tout simplement d'une sélection sociale : INNACCEPTABLE. Et de plus, cela, sans AUCUNE concertation préalable des utilisateurs.
Ce qu'il faudrait, c'est une véritable politique volontariste : rapprocher les centres de production des lieux d'habitation quand c'est possible au lieu de fabriquer des cités-dortoirs et de grandes zones tertiaires. Un exemple très simple : en centralisant les cantines municipales, les municipalités ont gagné de l'argent … à court terme. La qualité, on n'en parle pas (préparer plusieurs milliers de repas ...) et les problèmes logistiques du transport ne sont pas au rendez-vous du gain à long terme. Les travailleurs se déplacent loin de leur lieu d'habitation, et surtout le bilan CO2 est catastrophique : distribuer des tonnes de repas tous les jours, faites le compte … C'est un des exemples. La pertinence des transports en commun est une autre problématique qui semble évoluer dans le bon sens.
Alors que faut-il en conclure ? Que le problème dépasse largement le domaine de la moto, c'est sûr ! Que la réalité du projet n'est pas pertinente écologiquement parlant, c'est sûr aussi. Mais je ne peux m'empêcher de rapprocher tout ça à un projet politique global nauséabond. Pointer les différences, les marginaliser, dire c'est eux les méchants, on va les faire payer, avec des pseudo arguments scientifiques qui ne sont autres que des croyances opportunistes ou électoralistes me fait craindre le pire pour les plus fragiles socialement et même pour ceux qui sont relativement en meilleure situation. Nos gouvernants sont tous plutôt des quinquas et au-delà, et j'ai l'impression qu'ils ne comprennent pas vraiment le mot "réseau social" et pense que tout ça c'est du virtuel. L'exemple de la Tunisie devrait les faire réfléchir. À décider tout seul dans son coin, en marginalisant volontaire les plus faibles ou ceux qui dérangent, ça va se savoir. Et ce qui en sortira ? Aucune idée, mais il y aura forcément une rupture à un moment donné. Car, qu'elle soit voulu ou non, il s'agit bien d'une épuration sociale.
Bonne lecture
Laurent lesmotards.com
A LIRE .....IMPORTANT