Oui, mais il a plus que ça...
Un certain vendredi après-midi prédestiné, les membres des services de la planification et d'ingénierie se sont rencontrés au siège social de Suzuki à Hamamatsu, au Japon. Les planificateurs de produits désiraient une moto tellement de pointe qu'elle ne s'inscrivait pas dans les catégories établies. Ils voulaient un bolide qui redéfinirait les performances d'une moto de tourisme, un bolide qui s'inspirerait des leçons acquises sur les circuits de course d'endurance et d'accélération.
Un bolide ayant des accélérations époustouflantes, une tenue de route agile, de puissants freins, une suspension à la fine pointe de la technologie, une position de conduite confortable, une forme et une finition de classe mondiale.
Une machine qui serait l'incarnation même de la haute performance et qui animerait le motocycliste d'une grande fierté d'en être aux commandes.
Une machine si avant-gardiste qu'on aura dû créer une toute nouvelle catégorie haute performance : la catégorie sport ultime.
Répondre aux objectifs de performances pour le moteur ne constituerait pas un problème selon les ingénieurs. La construction d'un excellent châssis ne poserait aucun problème non plus.
Les freins, la suspension, le confort, la forme et la finition non plus. Le défi, ont toutefois fait remarquer les ingénieurs, serait de faire en sorte que l'atteinte de ces performances semble aller de soi. Les ingénieurs ont donc convenu de réfléchir au projet et de reprendre la réunion la semaine suivante.
La réponse à l'énigme est venue à un jeune membre de l'équipe d'ingénieurs lors d'une excursion familiale le week-end suivant. Marchant le long d'un sentier, l'ingénieur aperçut une trace dans le ciel, bien au-dessus de la cime des arbres d'un escarpement à proximité. Intrigué, il voulut savoir ce qui faisait un tel piqué à une vitesse si vertigineuse, et qui revenait ensuite pour tournoyer de nouveau au-dessus des cimes. Il reconnut un faucon indigène du Japon appelé Hayabusa. Ce n'est ni le plus gros oiseau du Japon, ni le plus fort. Mais l'Hayabusa a l'unique faculté de fendre l'air pour atteindre des vitesses supérieures à 300 km/h.
Tout en observant l'oiseau, l'ingénieur se dit que l'Hayabusa ne passe pas toute la journée à voler à 300 km/h mais sa faculté de fendre l'air à une telle vitesse fait en sorte que son vol normal semble si aisé.
Voilà des performances sans effort ! Tout à coup l'ingénieur s'est rendu compte qu'il avait trouvé la clé qui permettrait de concevoir la machine de pointe que les planificateurs recherchaient. Il suffirait de lui permettre de fendre l'air comme un Hayabusa et ses prestations normales sembleraient aller de soi. En prenant son calepin, l'ingénieur était déjà en train d'ébaucher la nouvelle machine dans sa tête.
Ce serait la moto Suzuki la plus aérodynamique conçue à ce jour.
Et elle se nommerait Hayabusa.