Les dossiers de Didier de Radiguès, Sepang : La Ducati et Valentino Rossi en ont encore sous le coude6/02/2012 5La fin du mois de janvier a toujours une saveur particulière pour nous, motards et amateurs du MotoGP, puisqu’elle coïncide avec le retour en piste des bombardiers.Cette saison, nouvelle règlementation et première fracture entre les nantis et les courageux. Les courageux ce sont les Aprilia de Speed Master et d’Aspar Martinez, qui se sont contentées de tourner à Valence, en compagnie de quelques Moto3.
Deuxième fracture, celle de la piste, sans appel celle-là, puisque Colin Edwards et sa Suter BMW de chez Forward Racing, qui avaient osé la confrontation avec les nantis, à Sepang, en repartent avec cinq bonnes secondes dans la vue…certains diront « aie, ça fait mal », ce n’est pas mon point de vue, mais nous en parlerons plus tard.
Les nantis étaient donc à Sepang et on espère d’ailleurs pour eux qu’ils s‘étaient embarqué pour la Malaisie avec une cargaison de mouchoir en papier…pour le retour !
Avec une température de piste frôlant les 40 degrés à dix heures et les 50 degrés à midi, imaginez-vous la descente d’avion au beau milieu de la vague de froid européenne…
Mais trêve de plaisanterie, essayons de tirer quelques enseignements de ces trois premiers jours de tests.
Comme en 2011, je ne vous apprendrai rien en vous disant que celui qui domine est de nouveau
Casey Stoner. Et au final, on a envie de dire que c’est plutôt normal.
En effet, l’Australien nous a déjà démontré par le passé qu’il a cette faculté de s’adapter très facilement à une nouvelle moto, de pouvoir réaliser très vite un tour rapide sans nécessairement disposer de la machine parfaite.
Cette capacité est d’autant plus exacerbée par le fait qu’en Malaisie, la température de piste est excellente lors des premières heures de la journée. Avec un tarmac à 50 degrés à midi, les performances ne peuvent aller qu’en décroissant au fil des heures. Il reste que pour nous sortir un temps démentiel au second tour, il n’y a que lui !
Je pense que c’est en partie ce qui explique l’écart entre le pilote Honda et le reste du peloton.
Lorenzo n’a pu réaliser son meilleur chrono qu’à midi et pour les raisons expliquées ci-avant, c’était déjà trop tard pour espérer aller chatouiller l’Australien. Il y a certainement une demi-seconde entre neuf heures et midi.
C’est donc de bon augure pour la saison car sur un autre circuit, où règnent des températures raisonnables, je pense que l’écart entre Honda et Yamaha ne sera pas aussi conséquent.
Si la Honda est bien née, cela semble aussi être le cas de la Yamaha et si ce n’est pas une surprise, c’est tout de même réconfortant en prévision du spectacle que nous offrira le MotoGP en 2012.
Une autre inconnue, qui est certainement celle qui aura fait couler le plus d’encre sur la toile, concernait l’état d’avancement des travaux de Borgo Panigale, sur la GP12 de
Valentino Rossi.
Ici aussi, on aura pu noter de nets progrès ! La Ducati s’est rapprochée des Yamaha et des Honda, c’est indéniable. Peut-être pas encore dans une mesure suffisante pour jouer gros, bien que, le fait de voir Barbera réaliser le même chrono, ou presque, que celui de Valentino Rossi, donne une dose d’espoir supplémentaire vis-à-vis de cette moto. Rossi, son équipe et l’usine devraient encore pouvoir se détacher de Barbera et de son équipe satellite. Je pense donc que l’Italien et sa machine en ont encore sous le coude et qu’ils devraient pouvoir se rapprocher des pilotes de pointe.
Je suis donc intimement convaincu qu’en 2012, Rossi fera son retour dans le trio de tête.
Pour
Dovizioso, l’équation est autre. Vingt jours après son opération à la clavicule, il devait indéniablement manquer de force dans l’épaule et dans ces conditions, il ne pouvait faire autrement que de perdre quelques dixièmes au freinage puisque cette carence ne pouvait que l’affecter au niveau de maniabilité de la moto.
Quand vous freinez très fort, votre êtes ramené vers l’avant et si vous n’avez pas la force nécessaire dans les muscles, vous laissez alors aller votre corps sur le guidon, ce qui, au final, vous empêche de tourner.
Et puis, ça va sans dire, que psychologiquement, une telle blessure, à deux mois du coup d’envoi de la saison, est un frein. Andrea avait envie de tout, sauf de tomber !
Je pense donc que dans des conditions « normales », Dovizioso se serait situé entre Rossi et Spies. Il montera en puissance au fur et à mesure de la guérison de son épaule. Il reste une valeur sûre du paddock.
Je profite du cas de Dovizioso pour rebondir sur celui de Ducati et de
Hayden. L’Américain était dans un état pire que celui de l’Italien (il sera opéré ce lundi), et malgré cela, il est à moins d’une seconde de Rossi. Je pense donc que la Ducati est, à l’heure actuelle, à moins d’une seconde de Stoner.
La moto est neuve puisque, mis à part un « shakedown » de trois jours, à Jerez, dans des conditions peu favorable à la performance, elle n’avait pas encore roulé. C’est certainement elle qui a le plus gros potentiel de progression.
Derrière ces hommes, certains penseront que la prestation de
Bautista est décevante, moi je fais partie de ceux qui aurait aimé voir de Puniet chez Gresini, parce qu’il est plus rapide que l’Espagnol. Je ne m’attendais donc pas à le voir briller outre mesure.
Plus bas dans le classement on retrouve le petit nouveau, champion du monde Moto2 en 2011,
Stefan Bradl. On dira copie à revoir mais absolument encourageante puisque le « gamin » n’est qu’à une demi-seconde de Bautista. Ceci dit, il faut rester les pieds sur terre et je pense qu’on ne doit pas s’attendre à des miracles. C’est avant tout une saison d’apprentissage et, pour l’Allemand, comme pour tous les autres avant lui, il devrait vivre une saison difficile, car apprendre à ce niveau, c’est tout sauf une sinécure.
Enfin, il y a
Karel Abraham, à quatre dixièmes de Bradl. Il est dernier de classe et va certainement devoir se cracher dans les mains pour se mêler à la bagarre et ne pas finir dernier des pilotes satellites.
Enfin ? Non bien entendu, car derrière ces hommes, loin très loin, il y a les CRT.
Il n’y a pas eu de miracle car il n’y avait pas la place pour qu’il s’en produise un. Les CRT sont là où elles doivent être actuellement…à la rue.
On va excepter le cas d’
Avintia Racing, pour qui, non seulement il n’y a pas de miracle, mais où, en plus, on est ridicule! En conjuguant le manque de performance de la moto avec celui des pilotes, il n’y a aucun espoir à avoir.
On se basera donc sur les temps d’
Edwards pour constater que pour le moment, il se trouve à la même distance du denier des pilotes Satellites, Karel Abraham, que ce dernier de Stoner.
Il y a donc trois groupes mais avec l’avantage pour les CRT, qu’elles n’en sont qu’aux prémices de leur développement.
On se réjouit donc de revoir tous ces acteurs en piste pour le second test de Sepang qui se déroulera fin février. La GP12 sera repassée par les mains du
Reparto Corse de Ducati et arrivera probablement en Malaisie avec une amélioration ou l’autre. Sera-ce suffisant pour reprendre du terrain aux Yamaha et aux Honda ? Certainement, mais la question est de savoir dans quelle mesure!
Bagarre à deux ou bagarre à trois ? Réponse dans trois semaines !
Entre-temps, rendez-vous, dès ce mercredi, sur GP-Inisde, pour les premiers essais des Moto2. Nous surveillerons de près les pilotes de la Mistral 610 du Team Tech3 où Xavier Simeon, déjà très affûté pour cette saison 2012, nous informera en temps réel sur ses premiers essais ...Didier de Radiguès